Océan mer
BARICCO, Alessandro (1998). Océan mer (v.o. Oceano mare, 1993). 283 pages.
Quel livre différent... Peut-être est-ce parce que j'ai grandi avec les deux pieds dans le St-Laurent, mais j'ai adoré ce livre. J'ai vraiment eu l'impression d'être là, au bord de la mer, de sentir l'air marin, d'entendre le bruit des vagues, de sentir le vent dans mes cheveux, de me croire ailleurs tout en étant chez moi...
Au début de ma lecture, je dois avouer que j'ai eu un peu de difficulté à me laisser embarquer, à comprendre. Je lisais un chapitre et je ne comprenais rien. Je lisais le chapitre suivant et je comprenais tout alors je revenais au premier chapitre. J'ai fait ça pendant 60 pages. Ça a été le plus long 60 pages de ma vie, je pense! Ça doit avoir duré 2 semaines Mais peu à peu, je me suis laissée aller et j'ai laissé tomber toutes balises. J'ai adoré les personnages, tous mieux construits les uns que les autres et j'ai adoré leurs histoires, si banales mais si inordinaires en même temps. Je pense que ce livre est l'exemple parfait du style et de l'intrigue qui réussissent. Ce livre ressemble à de la poésie, sans en être vraiment... Ah, j'en garde un merveilleux souvenir et plein de phrases en tête...
-----------------------------------------------------------------
(on parle d'Élisewin) "[...] elle, qui à proprement parler ne possédait pas un tempérament sensible mais était possédée, pour employer un terme exact, par une sensibilité d'âme incontrôlable [...]" (p.18)
(lettre de Bartleboom à "sa femme")
"Où commence la fin de la mer? (p.49)
"La
mer, parce qu'il ne l'avait jamais vue, voyageait dans l'esprit du
baron de Carewall comme un passager clandestin à bord d'un voilier
ancré dans le port, toutes voiles amenées : inoffensif et superflu."
(p.55)
"Mais surtout : la mer appelle. Tu le découvriras, Élisewin. Elle ne fait que ça, au fond : appeler. Jamais elle ne s'arrête, elle pénètre en toi, elle te reste collée après, c'est toi qu'elle veut." (p.104)
Ce dernier passage me parle vraiment, car il m'arrive parfois, dans les
dédales en béton de Montréal, de ne vouloir qu'une chose : être au
bord de la mer! Si je le peux, je pars aussitôt pour la Gaspésie. Sur
la route, je me sens devenir de plus en plus fébrile à l'approche de la
132 (route qui longe le St-Laurent). J'ouvre ma fenêtre et alors,
je la sens, la mer, et pendant un instant, il n'y a que ça!
Un 5/5.