ADLER, Laure (1998) Marguerite Duras. 628 pages. Gallimard.
Hum... Par où commencer ?!
J'aime bien Marguerite Duras, mais je n'ai pas lu toute son oeuvre, seulement quelques romans (L'Amant, L'Amant de la Chine du Nord, Moderato Cantabile et Hiroshima mon amour). En fait, j'ai commencé à m'intéresser à elle après avoir vu le film L'Amant
qui m'avait bouleversée. En lisant le livre, on peut voir que
l'histoire n'est pas la même... Enfin, même si je ne connais pas bien
son oeuvre, Duras m'intriguait, et j'avais hâte de lire la biographie de
Laure Adler et je fus comblée.
Adler
est très objective. Elle aime Marguerite et ça se sent, et elle
aurait pu cacher certains côtés de la personnalité de Marguerite (sa
méchanceté, son alcoolisme, etc), mais elle ne l'a pas fait, ce qui
fait que le livre est deux fois plus crédible à mon avis. Elle remonte
vraiment jusqu'au tout début, avant même la naissance de Marguerite, et
s'arrête à sa mort, en 1995. On passe un très grand (et intéressant)
bout avec Duras et ses amis communistes sur la rue St-Benoît et on est
placés dans le contexte de ces années de guerre en France.
Beaucoup
de mes idées préfondées sur Duras sont tombées : je ne savais pas
qu'elle avait eu une enfance si difficile en Indochine; je ne savais
pas qu'elle avait été si militante pour le PCF et surtout, je ne savais
pas qu'elle pouvait être si "difficile", et qu'un de ses désirs
premiers était d'être célèbre, peu importe le moyen d'y
arriver, etc. J'avais plutôt en tête le grand mythe Duras, mais je
pensais pas vraiment à la femme, à l'humaine qui le sous-tendait.
Le
fait de l'avoir découverte sous cet angle me fait comprendre beaucoup
mieux son oeuvre, mais son oeuvre est ici si analysée, si
décortiquée que, malheureusement, ça ne me donne pas envie de continuer à
la lire... Un peu triste, non? De plus, elle renie elle-même beaucoup de ses romans (don L'Amant qui est absolument non autobiographique d'après elle),
elle semble avoir écrit certains romans juste pour s'en débarrasser,
pour avoir de l'argent, en ressortant de vieux écrits, etc. Durassiens, ne me crucifiez pas!
Ce que j'ai lu de Duras, j'ai beaucoup aimé (pas adoré, mais aimé) et
je ne porte aucun jugement sur son oeuvre impressionnante, mais je n'ai
plus le goût du tout de me replonger dedans en pensant à tout ce qui se
cachait derrière. Parfois, c'est mieux de ne pas trop analyser l'oeuvre
d'un auteur j'imagine, pour garder un certain mystère... Mais j'ai
été très touchée par les bouts qui parlaient de sa fausse-couche et de
son désir d'avoir un autre enfant, Outa... C'est évident que ça devait
être une relation déchirante, car mère et fils s'aimaient à la folie.
J'ai été aussi surprise d'apprendre que son dernier compagnon, Yann
Andréa, était gai ! J'ai toujours pensé que c'était son amant... Je ne
suis pas à jour dans mes potins littéraires
Cette
biographie est excellente pour ceux et celles qui s'intéressent à
Duras. Elle est objective, exhaustive, et en même temps aimante. On
sent que Adler aimait Marguerite et qu'elle cherche ici à nous la démythifier.
Ma note : 4.5/5.